Après l’exposition organisée en octobre 2015 par le F.J.E.P de Floure et le CAUE de l’Aude sur “Les tramways à vapeur de l’Aude” nous vous proposons de mettre en avant les recherches du Flouréen Monsieur Françis Dissaux. Le thème : Les Tramways à Floure et dans l’Aude.

C’est en 1893 que le Conseil Général de l’Aude prévoit un réseau de tramway pour relier les communes isolées du Minervois et des Corbières.

Au total, 350 km de lignes sont prévues et c’est la Compagnie des Tramways à Vapeur de l’Aude qui exploitera ces lignes.

“Les maires des quatorze communes du Val-de-Dagne se sont réunis à Donneuve pour prendre connaissance d’un projet ayant pour objet l’établissement d’une ligne de tramways de Serviès-en-Val à Floure.
A cette réunion assistait un jeune ingénieur qui. avec une compétence et une clarté remarquables, a fait part à l’assemblée de l’économie de cet utile et intéressant projet.
L’exécution en sera d’autant plus facile qu’une société privée, une des plus importantes de France, se charge de tous les frais de construction, d’installation, d’entretien de la ligne, matériel, forces motrices, etc., laissant seulement à la charge des quatorze communes intéressées l’acquisition des terrains pour l’assiette de la voie .
Nous pouvons, en conséquence, d’ores et déjà affirmer que le Val-de-Dagne, pays très viticole, qui semblait complètement oublié dans le premier projet d’établissement des tramways, sera un des mieux desservis.
Les quatorze maires à l’issue de la réunion ont signé une adresse à monsieur le ministre des travaux publics, pour lui demander d’approuver sans retard, ce projet qui lui sera incessamment soumis.
Nous connaissons tout l’intérêt que porte monsieur le ministre à la création de cette ligne et sommes certains qu’il tiendra compte des voeux de toute la population du Val-de-Dagne.”

Lors de la réunion du 18 avril 1898, le Conseil Général de l’Aude décide de renvoyer les demandes de lignes de tramways de Laure à Capendu et de Floure à Serviès-en-Val à la commission des tramways.

Le 24 août 1899, nouveau débat du Conseil Général sur la ligne de tramways électrique de Serviès-en-Val à Floure et prend acte que les concessionnaires n’exigent aucun concours du département et présentent toutes les garanties financières nécessaires.

Le 08 août 1904, le Conseil d’arrondissement de Carcassonne émet le voeu : « Que l’étude de la création d’une ligne de tramways partant de la gare de Floure, passant à Pradelles, Serviès-en-Val et Lagrasse, reliant ainsi la ligne de Fabrezan à Saint Pierre à la ligne de Lézignan- Mouthonnet, soit mise à exécution le plus tôt possible.

En 1905 , la Compagnie (des Tramways) a réuni neuf avant-projets dont les lignes “Caunes-Félines d’Hautpoul (34)” / “Tuchan-Padern” / “Floure-Serviès-en-Val” mais la ligne a finalement été prolongée jusqu’à Labastide- en-Val.

Dans sa séance du 13 octobre 1905, la chambre de commerce de Carcassonne a émis les voeux suivants en ce qui concerne la ligne des Corbières (Floure à Lagrasse) :

– Considérant que la majeure partie des lignes qui composent le premier réseau paraît avoir pour but et pour résultat de détourner vers Narbonne un trafic important qui, jusqu’à ce jour, ressortissait de Carcassonne

– Considérant que la réalisation du projet qui relierait Floure à Lagrasse, aurait comme conséquence de drainer, au grand détriment de Carcassonne, le trafic d’une région riche en produits divers, dont le centre commercial était jusqu’à ce jour Carcassonne

– Considérant qu’il y aurait intérêt pour tous à substituer à cette ligne Floure-Lagrasse, une ligne qui relierait Lagrasse à Carcassonne

– Considérant, en effet, que cette ligne, tout en maintenant à chaque région son débouché naturel, serait, en même temps, assurée d’un trafic beaucoup plus considérable ; qu’elle recevrait, en effet, comme elle l’aurait fait par Floure, tout le transit de la Compagnie du Midi, mais qu’elle permettrait immédiatement les communications directes, par le réseau actuel des tramways, des communes d’une grande partie de la Montagne-Noire et du Minervois, desservies par Lastours et Caunes, avec Narbonne et les Corbières

– Considérant que les lignes du second réseau devant permettre de relier Belpech, Fanjeaux, Saint-Denis à Carcassonne. La ligne Carcassonne- Lagrasse servirait en quelque sorte de trait d’union entre les deux parties principales du réseau, et permettrait une circulation active, importante et vraiment productive, sans rompre charge, sur la majeure partie des trois arrondissements de Carcassonne, Castelnaudary et Narbonne

– Considérant, par suite, que la construction de la ligne Carcassonne-Lagrasse devant être éminemment utile et devant permettre le développement productif des divers réseaux paraît s’imposer,
Emet le voeu que la ligne des Corbières parte de Carcassonne, ville basse, au lieu de Floure, emprunte la route nationale jusqu’aux environs de l’octroi de la route de Narbonne, desserve la Cité devant la porte narbonnaise, rejoigne le chemin vicinal n° 42, passe à Cazilhac, Palaja et Monze et de là vers Lagrasse, par les villages les plus éloignes de la voie ferrée.

Reverra-t-on un jour un tramway à Carcassonne ?

En novembre 1905, le conseil d’administration du Syndicat d’Initiative de Carcassonne a voté le voeu suivant, pour être transmis au conseil général et à M. le préfet :

– Considérant que Carcassonne, par sa position, par l’importance de ses monuments, par son organisation actuelle, tend à devenir un centre de plus en plus important de tourisme (Que d’ailleurs les populations des Corbières et de la Montagne Noire demandent à communiquer directement avec leur chef-lieu)

“Que dans le second réseau de tramways départementaux la ligne prévue de Floure vers le Val-de-Dagne soit transformée en une ligne de Carcassonne à Lagrasse, par le Val-de-Dagne, ce qui mettrait Carcassonne et les lignes y aboutissant, en communication directe avec le réseau des Corbières.”

Finalement, la ligne de tramways Floure – Labastide en Val – Lagrasse ne verra pas le jour, pas plus que celle reliant Carcassonne à Lagrasse.

 

Les Tramways de l’Aude ont exploité un réseau départemental de 1901 à 1933.
Ce réseau se composait de plusieurs lignes à voie métrique.
Il existait des gares de jonction avec la Compagnie des Chemins de fer du Midi (SNCF), comme cela était prévu pour la gare de Floure.
Dans les années 1930, l’autobus a eu raison de ce mode de transport original, qui a pourtant laissé de nombreuses traces bâties dans les paysages urbains et ruraux de l’Aude.

Une carte postale : "Nous l'avons vu naître et mourir...1900-1927"

Sources :

Les Cahiers de Minerve
Wikipédia
Cyclopaedia.net
Rosalis, bibliothèque numérique de Toulouse, journal « L’Express du Midi »